} Tonight, I dance ! |PV Jullian|

Une journée pas très captivante aujourd'hui, à la fac. J'avoue que je m'ennuie un peu en ce moment. Pourtant, les examens approchent. Les professeurs ne cessent de nous rabâcher d'être plus attentifs que d'habitude, parce que nous sommes censés apprendre toutes les clefs pour les exam'. Dans ce cas, pourquoi ne pas nous faire ce genre de cours dés le début ? Décidément, je ne les comprendrai jamais... Entre nous : je ne me fais pas de soucis pour mes examens. Je les ai réussis chaque semestre, donc... Je n'écoute que d'une oreille distraite les remontrances qu'on nous offre. Toujours agréable. Heureusement que ce soir, je vais pouvoir me changer les idées. Parce que ce soir je danse ! Ce petit boulot un peu craignos... Mais je l'aime bien. Pas le salaire qui m'attire. L'argent n'est pas un problème pour moi. Loin de là même. Juste que c'est un vide tête... Puis le patron du bar... Miam ! J'en ferai bien mon quatre heures, si vous voyez ce que je veux dire...
J'arrive à 21 heures environ, comme d'habitude. Je passe par l'entrée de derrière. La ruelle qui y mène est déserte. Seul un chat errant sort en hâte d'une poubelle, il frôle mes jambes en s'enfuyant. Me voici dans les vestiaires. J'ai exactement un quart d'heure pour m'habiller (si on peut appeler ça comme ça), et me maquiller. Ce soir, ce sera soirée costumée. Je regarde le costume qui m'attend dans ma cabine. Un sourire amusé se pose sur mes lèvres. Il s'agit d'un costume de chat. J'ai toujours aimé les chats... Ce soir j'en serai un en quelques sortes. J'enfile à la hâte la mini jupe blanche, et revêt un léger haut, qui se finit par une capuche avec les oreilles de chat. Je reste pieds nus pour le moment. Je vais me poster devant le miroir. Un crayon noir dans la main, je dessine quelques moustaches sur mes joues et crayonne mon nez en noir, pour le museau. Pour mes cheveux... Je les laisse détachés, et met un peu de lotion pailletée dedans, pour donner un effet. Bon, je crois que je suis prête... Plus que mes talons aiguilles à enfiler, et c'est bon. Au passage je prends un sautoir en perles, que je passe autour de mon cou. Dernier regard dans le miroir... Un vrai petit chat. Avec ma main gauche je la passe juste devant mon reflet en faisant un "Mawwouh" défiant toute concurence. Ou presque...

Spoiler:

Ce n'est pas encore mon tour. Avant moi, il y a des collègues. Moi je suis réservée pour la fin de soirée. Il paraît que j'attire plus de clients. Bon, tant mieux pour le porte monnaie de Greg' (ouais c'est le ptit nom du patron). Je m'assoie par terre, en attendant mon tour. 22h30... Les miss sortent de l'autre côté du rideau, on se fait la bise, elles me souhaitent bonne chance et je me dirige sur la scène. Mes talons claquent contre le parquet... La salle est plongée dans le noir le plus total. J'ai pris mes repères depuis le temps. Je me dirige au milieu de la scène, à quattres pattes... Il ne manque plus que la musique commence, et que les spots m'éclairent.

Et voilà, les projecteurs de lumière sont braqués sur moi... Allez, ma petite Lou, c'est à toi de jouer. Le public comment déjà à siffler, ils veulent leur spectacle. Ils vont l'avoir !
Cambrée exagérément, la tête baisée, je la relève rapidement, faisant retomber mes cheveux dans le creux de mon dos, dés les premières notes de musique. Je reviens rapidement sur mes deux jambes, en prenant bien soin de remuer mes hanches à chacun de mes pas. Je me place dos au public, passe mes mains sur mes hanches, pour accompagner un mouvement circulaire de bassin. Ca y est, ils commencent de plus en plus à apprécier. J'entends quelques encouragements à leur sauce, du genre " Vas y ma belle montre nous ce que tu as", ou bien encore " Allez mon p'tit chat, fais nous miauler de plaisir". Bref, comme d'habitude ça ne vole pas très haut tout ça. Je me retourne, en me trouvant à genoux, juste au bord de la scène. Je fais quelques pas, toujours dans cette même position. Mon dos bien cambré, pour dévoiler un peu plus mes jolies formes. Je soulève ma capuche oreilles de chats, et me relève tout doucement. D'abord accroupie, jambes légèrement écartées, je me relève en remuant le bassin, pour finir par passer ma main dans mes cheveux. Il y a une barre en métal, perpendiculaire au sol. Je m'y dirige, toujours de cette même démarche sensuelle.Prenant un peu d'élan, je suis au milieu. Je me tiens bien, et me laisse glisser la tête à l'envers. Je me réceptionne en piquet au sol, pour laisser retomber mes jambes l'une après l'autre. Les lumières s'éteignent et se rallument très rapidement, ce qui donnent l'impression que mes mouvements sont saccadés. Je fais quelques pas de danse, tout en rythme avec la musique. Je passe mes mains de chaque côté de mon visage, pour l'accompagner dans un mouvement circulaire, un peu comme mes hanches tout à l'heure... Les lumières redeviennent normales. Je vois durant quelques instants qui est dans la foule devant moi. Je reconnais les visages des habitués du coin. Un verre de trop dans le nez, comme d'habitude. Mais au loin, assis au comptoir un autre visage familier. Il est toujours au même endroit, quand je le vois ici. Ce garçon m'a toujours intriguée. Nous devons avoir le même âge, et nous ne nous sommes jamais adressé la parole. Mais comme un petit quelque chose s'est quand même installé. Peut-être que ce soir, sera le grand soir. Pourquoi pas ? Sans m'en rendre vraiment compte, j'esquisse un petit coucou de la main dans sa direction. Bien évidemment tout le monde se retourne, pour voir à qui mon salut était destiné. A peine mon geste effectué que je continue ma danse de Miss chat, sur la musique qui continue, elle ne m'attend pas...

Une autre engueulade. Oui, encore. Toujours la même histoire. Lui veut que je grandisse, que je sois "responsable". Moi je réponds: Responsable de quoi au juste? D'un paquet de mensonges auxquels tous les bornés de la planète adhèrent. Mais moi je ne les laisserai pas me berner. Ils ne m'auront pas. Je ne les laisserai certainement pas m'avaler dans leur clan de clônes si c'est pour abandonner ma liberté et devenir pareil à eux; rien qu'une image dépourvue de contenu.

Alors, comme je le fais de plus en plus fréquemment ces derniers temps, je mets les voiles, au plus grand désespoir de ma petite maman. Je cours vite, vraiment vite. Surtout quand je sais que plus je cours vite, moins il y a de chance que mon connard de beau-père tente de partir à ma poursuite pour essayer de me raisonner. La raison, la raison ... à quoi cela pourrait-il bien servir ...

Conneries !

Avant que je n'aie eu le temps de réfléchir à ce que je faisais, mon inconscient me guide automatiquement vers le métro dans lequel je m'engoufre aussitôt arrivé. Ma tête dodeline alors que les stations défilent et mes yeux ne voient pas ce qu'ils regardent. Je me rends au même endroit que les autres soirs de cette semaine là; dans un petite boîte bien remplie de danseuses toutes plus exotiques les unes que les autres.

Elles ne me feront pas bander. Ni même fantasmer, si tout demeure comme ça l'est à l'habitude. En vérité, je trouve un peu pathétique de les y voir se remuer en vraies salopes sous les encouragements de ces vieux pervers d'habitués, ivres de bière et souillés d'adultère. Moi, ce que j'aime bien, c'est m'asseoir au fond, derrière, tout près du bar, si ce n'est pas directement au comptoir. Je ne m'y saoule pas, ça je préfère faire chez moi, bien baricadé entre les quatre murs de machambre, un peu de System of a Down à fond pour bien faire vibrer les flûtes en cristal de maman et rire un bon coup un joint entre les doigts.

Non, ici, je me contente d'observer. D'imaginer. J'invente une histoire à chacune de ces filles qui se trémoussent sur cette scène. Je décide comment elles en sont arrivées là, pourquoi cette façon de s'en sortir plutôt qu'une autre. Ce qui les énervent. Le cri qu'elles poussent lorsqu'elles orgasment. De quoi elles ont l'air lorsqu'elles sont mortes de rire. Quelle est leur orientation sexuelle. J'y passe des heures, à les remodeler à ma façon. À les rendre intéressantes, car je n'ai pas su tomber sur une seule fille qui n'était ni une future clône appartenant à l'idéologie de mes chers parents, ni une pétasse complètement creuse et dépourvue de dialogue.

Ce soir les mesdemoiselles sont costumées! Je pouffe de rire lorsque que je vois entrer " le clou de la soirée " déguisée en jolie petite chatte. Comme c'est ironique. Le pire dans tout ça, c'est que j'arrive à éprouver une certaine sympathie envers elle. Je ne saurais dire si c'est à cause de ce qu'elle dégage véritablement ou si c'est à cause de ce que je m'imagine à propos d'elle. En tout les cas, je sais que je ne suis pas le seul à commencer à être familier à sa présence, car elle m'envoie un "coucou" de la main on ne peut moin discret. Je ris et vide d'un trait le restant de Jack Daniels traînant au fond de mon verre.

-WOOOHOOOO! Je cris, comme pour l'encourager, commençant à sentir les effets de l'alcool dont les dernières gouttes glissent jusqu'au fond de ma gorge me procurant une petite satisfaction.

Lorsque nos regards se croisent à nouveau je lui adresse un clin d'oeil. Elle me paraît pratiquement amicale. Peut-être lui offrirai-je un verre? ... Moi? Eh bien non! Peut-être elle, dans ce cas, on verra...

Mon geste de salut n'avait pas paru invisible. C'est le moins que l'on puisse dire. Que ce soit le destinataire, ou bien le public masculin en face de la scène... Les types juste en face de moi ne savaient pas trop quoi faire. Continuer de mater tranquillement, tout en sombrant dans l'ivresse la plus totale, ou bien continuer pour reluquer dans les moindres détails celui à qui mon geste était destiné. Un choix qui avait l'air de les tirailler au possible. Mais finalement, ils optèrent pour continuer de me mater tranquillement. De toutes façons... Qu'il fasse l'un ou l'autre, demain ils auront quasiment tout oublié. A quoi bon, donc ? Bon... En attendant, je ne me creuse pas plus la tête que cela. Je continue mon petit spectacle. Une fois remis de leurs émotions, les habituels sifflets se font entendre, lorsque j'esquisse des mouvements qui leur plaisent particulièrement. Mais parmi ces sifflets, j'ai pu entendre distinctement comme un cri euphorique d'encouragement. Hum... Pas besoin de réfléchir trop longtemps pour savoir d'où ils venaient. J'avais donc un nouveau spectateur. Auparavant, je n'avais jamais fait attention s'il avait pour habitude de me regarder. Vu qu'il était tout le temps adossé au comptoir du bar, je pensais qu'il était un des rares à ne pas me voir sur la scène. Du moins, ne pas me prêter plus d'attention que cela. Je me suis trompée il faut croire...

Le nombre de fois où j'ai pu danser sur cette chanson... Je la connais par coeur à présent. Et je reconnais bien la fin de la chanson... Les dernières notes glissent dans mes oreilles, et celles des personnes présentes dans la salle. J'ai bien envie d'aller à la rencontre de charmant jeune homme. Vu que je viens de terminer sur cette musique, je descends donc de la scène. Je descends les quelques marches en bois, à droite de la scène. Les types fixent toujours la scène d'un air hagard. Ils sont sûrement en train de... De me voir encore sur le scène. Bref, complètements pleins quoi les mecs. J'esquisse un sourire moqueur en passant à côté d'eux. Ils n'ont même pas le réflexe de se retourner, pour me voir à quelques centimètres d'eux. Au passage, une odeur d'alccol se dégage de ce petit groupe. La facture sera salée... C'est le barman qui sera content, je pense.

Je détourne la tête de mon cher public. Je relève rapidement la tête, cherchant du regard où se trouve le nouveau membre de mon petit public. Oui, j'ai un point de vue différent depuis la scène, qui est surélevée. Je dois avouer que je vois mieux la salle depuis là bas... Mais vu que je connais les lieux, je n'ai pas de mal me glisser entre les tables, pour aller en direction du comptoir. Je ne sais pas s'il m'a vue arriver. Quoi qu'il en soit, je me retrouve juste devant lui. Je le regarde l'espace de quelques secondes, avant de prendre la parole. Il a l'air en effet d'avoir à peu de choses près mon âge...

" Salut !"

Certes c'est d'une façon assez enjouée, que je viens de le saluer. Sans attendre de réponse de sa part, je prends place sur un tabouret, qui se situe à côté du sien. En descendant de la scène j'avais replacé ma capuche, à oreilles de chat, sur ma tête. J'interpelle le barman, pour passer une commande. Ici j'ai le droit de prendre ce que je veux, ce ne sera pas prélevé sur mon salaire. Selon les dires de Greg'. Je profite donc de ce passe droit, dés que je le peux. Avant de dire ce qui me ferait plaisir, je fait tourner le tabouret, de façon à me trouver de nouveau en face du jeune homme.

"Tu prendras quoi ?"

Oui, c'était bien une invitation à boire un verre. J'étais sûre qu'il ne refuserait pas, bien qu'il ait déjà un verre entre les mains. Je posai mon dos contre le comptoir, ainsi que mes coudes. Je m'étirai un peu, en attendant la réponse de l'intéressé. Je sens que la soirée allait être bien agréable.

Après m'avoir repéré et avoir terminé son numéro, miss «chatte» vient prendre place sur le tabouret à ma gauche. Une fois assise elle passe sa commande au barman et m'invite à boire un verre.

«Tu prendras quoi?» me demande-t-elle simplement, comme si l'on se connaissait.

Je tire un bref sourire et dirige mon regard vers le barman à qui je réponds directement.

- La même chose, je dis en relevant mon verre presque terminé.

Je ne suis pas des plus sociables, mais l'alcool fait bien son effet et me pousse à être un peu plus sympa qu'à l'ordinaire. Parfois aussi, les filles voient dans mon côté solitaire une attitude bien mystérieuse qui les attire ou je ne sais quoi, du moins, c'est ce que mon ami Sebastian m'a déjà dit. Mais bon, ne cherchons pas à comprendre ce qui passe par la tête des filles assez bourrées pour m'aborder lors des soirées, puisque la plupart d'entre elles ne me semblent pas posséder un QI au-dessus de 80. Okay, je deviens méchant là ...

Tant qu'à être là ... aussi bien donner une chance à cette demoiselle de discuter, et peut-être que je finirai par me calmer les nerfs au sujet de la grosse merde me servant de beau-papa. À cette pensée s'ajoute celle de ma mère qui doit sans doute s'inquiéter du fait que je ne sois toujours pas rentré. Je ris en songeant qu'elle doit être entrain de tenir l'autre idiot éveillé avec son anxiété de mère-poule.

- Ça fait longtemps que tu travailles ici? je lui demande finalement.

Elle me raconte ses débuts ici et agrémente même son récit de petites anecdotes qui me font bien rigoler alors que je vide mon deuxième verre. En tout cas, catwoman ne semble pas si bête que ça. Je ne saurais dire pourquoi, mais elle a ce quelque chose dans le regard qui révèle qu'elle doit avoir les deux pieds sur terre. Je m'en réjouis sans qu'elle ne m'impressionne pour autant.

Je ne sais quelle idée me passe par la tête, peut-être que je commence à être un peu bourré, mais je me mets à lui exposer ma vision des gens avec un talent pour le monologue que je ne me reconnais pas. Moi qui ne parle habituellement pas beaucoup, je lui livre mes opinions bien détaillées sur la dernière idiote qui m'a abordé à une soirée ou Seb m'avait emmené. Elle semble apprécier mon «humour» (si l'on peut appeler ça comme ça ?) puisqu'elle continue de m'écouter et de se montrer réceptive. Elle me suit dans mon délire en me parlant elle aussi de gens qu'elle côtoie et bientôt je commence à lui raconter les engueulades entre mon meilleur ami et sa copine Marissa.

- Non mais moi je comprends pas quoi, tu l'aimes ou tu l'aimes pas. Il est où le problème? Pourquoi s'engueuler toujours? On dirait qu'ils sont des drogués du drame ils font toujours des histoires pour rien. Faites l'amour, pas la guerre! je lance en brandissant mon verre.

Je m'aperçois qu'il est vide et je ne saurais dire si c'était le troisième ou le quatrième. Je réalise que je suis parti et je me sens aussi pété que si j'avais fumé en plus d'avoir bu.